La tablette du Déluge : un fragment de texte assyrien révèle un passage du Déluge

Tablette du Déluge universel
Tablette : récit du Déluge. Irak, Tell Kuyunjik (ancienne Ninive). Époque néo-assyrienne, 934-610 av. J.-C. Argile, 15,24 cm x 3,17 cm. Département des Antiquités orientales, British Museum, Londres © Jean-Christophe Ballot

Lors de sa quête d’immortalité, Gilgamesh rencontre Outa-Napishtim, le survivant du Déluge, qui lui raconte ce qu’il a vécu : des pluies torrentielles déclenchées par les dieux pendant six jours et sept nuits pour éradiquer l’espèce humaine sur la terre.

Au XIXe siècle, la redécouverte de cet épisode qui révèle un texte antérieur d’au moins deux millénaires au récit diluvien biblique fait grand bruit.

Cette trouvaille, on la doit à George Smith, un apprenti imprimeur qui passe son temps libre au British Museum face à une tablette en argile du VIIe siècle av. J.-C., découverte à Ninive, au Nord de l’Irak. Exhumée par des archéologues britanniques en 1840, elle est exposée pour ses qualités esthétiques ; la gravure cunéiforme est alors perçue comme un simple dessin.

Passionné par la culture mésopotamienne et son histoire, George Smith en connaît rapidement plus sur le sujet que le personnel de l’institution londonienne. C’est dans ces couloirs qu’il attire l’attention du grand assyriologue Henry Rawlinson, qui recrute le jeune homme comme assistant pour la restauration et la classification des tablettes.

À leur étude, il fait une découverte incroyable : les tablettes ne contiennent pas des dessins, mais bien une écriture narrant un récit. Véritable révolution pour le monde, L’Épopée de Gilgamesh devient ainsi le plus vieux texte de l’humanité connu, qui influença vraisemblablement de nombreux textes qui nous sont parvenues et parmi les plus emblématiques, la Bible ou l’Odyssée d’Homère.

Le Daily Telegraph fait à Georges Smith une proposition alléchante : le journal prend en charge les frais du voyage et des fouilles en Irak pour chercher d’autres tablettes contenant la suite des aventures de Gilgamesh, à condition que le jeune philologue s’engage à accorder l’exclusivité de ses découvertes au journal londonien. C’est ainsi qu’en octobre 1873, Georges Smith part en Irak auréolé de la gloire médiatique que lui offre le Daily Telegraph. Il découvre de nombreuses autres tablettes, et deux voyages plus tard, il réussit à reconstituer l’épopée de Gilgamesh quasiment dans son intégralité.

S’il est emporté par la dysenterie à Alep (Syrie) à 36 ans seulement, Georges Smith a gravé son nom dans la pierre de l’Histoire littéraire.

Epopée de Gilgamesh illustrée par l'art mésopotamien photographies de Jean-Christophe Ballot
L'Épopée de Gilgamesh illustré par l'art mésopotamien. Photographies de Jean-Christophe Ballot