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Ma vie aux Éditions

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3 juillet 2017

J’ai découvert les Éditions Diane de Selliers il y a quelques années, lors de la parution de Yvain et Lancelot de Chrétien de Troyes illustrés par la peinture préraphaélite. Étudiante en histoire de l’art ainsi qu’en littérature et grande amoureuse de ce courant pictural, ce livre de même que toute la ligne éditoriale de la maison m’ont d’emblée fait rêver.

C’est ainsi qu’il y a six mois j’ai traversé la place Saint-Germain-des-Prés dans le quartier mythique des éditeurs et écrivains pour me rendre, en tant que stagiaire éditoriale, au 19 rue Bonaparte et grimper le petit escalier de fer en haut duquel la magie opère.

L’étincelle des Éditions Diane de Selliers, la source des enchantements qu’elles provoquent, ce sont peut-être d’abord les images choisies et présentées comme une nouvelle vision du texte. Les recherches iconographiques que j’ai effectuées pour la publication à venir étaient une incroyable opportunité de participer à cette alchimie qui recrée un monde et l’associe aux mots. Nous cherchons un écho, dans la peinture, aux paysages et personnages que propose l’auteur dans ses livres. Une belle chasse au trésor, une quête de la pépite qui conviendra aux traits de tel ou tel héros ! Ce travail était très stimulant.

Au sein des Éditions, si le texte est associé à l’image, ils sont tous deux portés, valorisés, redécouverts parfois par des auteurs spécialistes qui proposent un regard scientifique sur le contexte, la forme, le fond et offrent ainsi de nouveaux outils au lecteur pour entrer dans l’univers du livre. Les rencontres entre ces auteurs et la maison sont extrêmement enrichissantes. Au cours de réunions ou de rencontres à l’extérieur, les auteurs nous donnent accès à leur savoir et nous font découvrir des œuvres dans des réserves de musées, par exemple, quand il s’agit d’historiens de l’art, ou des sources textuelles quasi-oubliées, quand ils sont spécialistes et passionnés de littérature. Les Grandes Rencontres ne sauraient se faire sans ces riches entretiens. Je suis très heureuse de la chance si précieuse d’avoir pu y assister.

Les Éditions Diane de Selliers publient un livre par an. Il est donc toujours important de faire vivre, outre la nouveauté, les autres titres de la collection. Ce défi encourage à rester sur le qui-vive face à l’actualité culturelle qui peut entrer en écho avec l’un des livres de la maison. Par exemple, en parallèle de la sortie du film Inferno de Ron Howard, nous avons développé un jeu-concours sur Facebook avec, à la clé, des exemplaires de La Divine Comédie de Dante illustrée par Botticelli. Ou encore, à l’occasion de la mise en scène du Faust I & II de Goethe par Robert Wilson en septembre dernier, la librairie du Théâtre de la Ville a accueilli quelques exemplaires de notre Faust de Goethe illustré par Eugène Delacroix. Trouver les points de contacts de ces textes fondateurs avec notre actualité est une démarche très optimiste et toujours grisante.

La dernière facette des Éditions que je porterai longtemps avec moi n’est pas la moindre : il s’agit des lecteurs. Nous les croisons régulièrement dans la librairie ou nous échangeons avec eux par téléphone. Leur passion ainsi que leur foi inébranlable en l’art, la littérature et les livres m’ont profondément marquée. Ils m’ont encouragée à redoubler d’efforts dans mes recherches et à continuer mes études dans le domaine des arts et des lettres. La campagne de financement participatif qui permet aux Éditions de réimprimer Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire illustrées par la peinture symboliste et décadente m’a fait découvrir, par le biais des dédicaces choisies par les donateurs, une facette encore plus intime de leur rapport aux livres de la collection et cette expérience m’a beaucoup émue.

Six mois se sont écoulés depuis mon arrivée aux Éditions Diane de Selliers. Grâce à ce stage, j’ai découvert un métier, celui d’éditeur, mais aussi tous les partenaires quotidiens qui rendent possible la naissance d’un livre – voir la maquette prendre forme, choisir les plus belles images avec les graphistes, regarder les ektachromes chez le photograveur, échanger avec les agences iconographiques, apprendre par les textes des auteurs… – ainsi que les lecteurs, qui sont à la fois la source et les destinataires de ces ouvrages. Derrière les Grandes Rencontres de la collection des Éditions, la magie est aussi dans les rencontres non moins grandes et non moins riches qui se déroulent en coulisse.

Mathilde Leïchlé, stagiaire éditoriale