Fermé, le livre est un objet imperméable aux aléas du monde extérieur, aux changements, aux houles de nos vies. Fermé, il protège en son sein un monde qui, lui, est inaltérable.

Objets résistants, les livres nous survivront sans doute, comme autant de traces muettes du passage sur cette terre de leurs sensibles lecteurs. Ceux que l’on aime nous accompagnent toute notre vie. On les choisit, on les chérit et on ne veut pas s’en séparer malgré les contraintes d’espace, les changements de lieu. On connait leur cœur, on sait les bijoux qu’ils protègent, les géographies qu’ils renferment, on pourra toujours s’y réfugier, s’y retrouver.

Michael Barry possède un de ces livres-phares, un objet plus précieux que tout autre : son volume des œuvres complètes de Shakespeare, une édition anglaise de la collection Collins Classics reçue en cadeau. Ce livre l’a suivi partout aux quatre coins de sa géographie personnelle entre la France, l’Amérique, l’Orient, et jusque dans les déserts des montagnes afghanes. Cet objet-là renferme une trace d’Histoire : une tache de cire tombée d’une bougie dans une cave-refuge urbaine sous une pluie d’obus, avec le commandant Massoud et ses hommes, au milieu de la guerre civile qui ravageait Kaboul alors assiégé par les Talibans, et où Michael Barry était venu convoyer nourriture et médicaments avec une petite équipe de Médecins du Monde, en 1994.

Ce petit volume, compagnon de route de Michael Barry, témoigne de sa passion pour Shakespeare et pour son œuvre. Cette passion a donné lieu à un autre livre destiné lui aussi à traverser le temps : Shakespeare à Venise, Othello et le Marchand de Venise illustrés par la Renaissance vénitienne . À peine sorti des presses, il est disponible depuis le 26 octobre 2017. Michael Barry en est le souffleur éclairé.