Le Cantique des cantiques en broderie
« Il y a quelques années, guidée par le plaisir d’une lecture comparée de la Bible de Jérusalem et de celle d’André Chouraqui, je découvrais d’autres sens, percevais d’autres nuances. Certains passages […] devenaient clairs, vivants, incarnés dans la langue de Chouraqui. Elle stimulait mon imagination, éveillait des images, me parlait. Elle me faisait “frémir”, au sens où l’entendait André Chouraqui, toujours à la recherche de littéralité, c’est-à- dire “ressentir le sacré”. » Avant-propos de l’éditeur
Cette émotion, cette vibration qu’a ressentie Diane de Selliers et qui a fait naître un livre, m’a profondément touchée et a inspiré la création de cette bannière, imaginée et réalisée pour la parution de cette édition du Cantique des cantiques.
Un texte, des mots résonnent souvent en moi aussi fortement, et, pendant que certaines en font des livres, j’ai envie de les crier, de les chanter, de les écrire sur les murs, de les graver sur les tables… et finalement je les brode.
L’élaboration de cette édition, à laquelle j’ai eu la chance de participer, n’a fait que renforcer ma curiosité, mon respect pour ce texte biblique vieux de plus de deux mille ans, texte sacré pour de nombreuses religions, texte mythique, poétique et énigmatique dans tous les cas. La version polyglotte porte un message d’universalité, autant qu’elle révèle les mystères des langues, la difficulté de passer de l’une à l’autre. La beauté graphique des caractères hébreux, grecs, latins juxtaposés est réjouissante pour l’œil, qui les voit comme un motif enchanteur, une composition codée.
J’ai utilisé de la toile de lin, légère et naturelle, pour la fraîcheur, la sensualité qu’elle évoque. C’est également l’une des matières principales utilisées par les civilisations méditerranéennes depuis l’Antiquité pour leur vêtement – la fille de Jérusalem portait donc sûrement une tunique de lin fin.
La trame visible du tissage est également une allusion au grain du papier, sa rugosité. Les lettres dessinées et encrées à la main rappellent que l’écriture est d’abord manuscrite, que la typographie est aussi une affaire de dessin. Les perles, qui forment la phrase traduite par André Chouraqui, sont là pour matérialiser les mots qui frappent un cœur et un esprit à leur lecture. Elles luisent doucement selon la lumière, à la fois discrètes et précieuses.
Au-delà d’une création personnelle, cette bannière verticale vise également à rendre hommage au travail collectif, comme un chemin partant de l’idée d’une éditrice, se poursuivant grâce à la réflexion d’une équipe, des pensées des auteurs, de l’art du directeur artistique des éditions, et des efforts de l’équipe commerciale et de la communication pour le faire connaître. Aux passants, aux lecteurs de la poursuivre et de le faire leur !
Biographie
Éditrice, correctrice et relectrice, je suis actuellement en dernière année de formation en broderie à l’École supérieure des arts appliqués Duperré. Édition et arts textiles, mots et broderie, typographie et motif sont deux passions que j’ai à cœur de réunir. Je réponds volontiers à tout type de projets ou de commandes, qu’ils émanent de particuliers ou non.
Pour découvrir toutes ses créations : www.agnesguillemot.wordpress.com