La Bhagavadgītā
illustrée par la peinture indienne
92 miniatures et peintures indiennes du début du xᴠɪᵉ à la fin du xɪxᵉ siècle
Traduction, notes, traduction et postface de Marc Ballanfat
Introduction et commentaires iconographiques d’Amina Taha-Hussein Okada
Joyau au cœur du Mahabharata, le « Chant du Bienheureux » est le plus grand texte sacré de l’hindouisme illustré pour la première fois. Composée autour de 18 chants, la Bhagavadgîtâ initie aux fondements de la philosophie yoga et à la sagesse hindoue.
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Le Livre
Au cœur du Mahabharata, la grande épopée indienne composée vraisemblablement autour du ɪɪᵉ siècle avant notre ère, la Bhagavadgita est le texte sacré de l’hindouisme. Composée de 18 chants, elle se déploie dans un dialogue animé entre le valeureux guerrier Arjuna et le dieu Krishna. À la veille d’une gigantesque bataille fratricide opposant le clan des Pandava à celui des Kaurava, Arjuna confie à Krishna qu’il se sent défaillir à l’idée de combattre ses rivaux et parents. Krishna le « Bienheureux » va guider Arjuna par l’enseignement des valeurs du renoncement et de l’ascèse qui bouleverseront sa vie.
Le texte et son enseignement
Du sanscrit « unir, relier », le yoga conduit l’individu à une conscience de soi et du monde qui l’entoure. La Bhagavadgitamène à la réconciliation avec soi-même et le monde extérieur, à l’apaisement de l’esprit et à la maîtrise des sens. Elle est une source où chacun est invité à étancher sa soif de spiritualité et de libération intérieure. Le dieu-cocher Krishna rappelle au guerrier Arjuna qu’il ne peut échapper au combat et qu’il doit accepter son destin dans la sérénité. Il lui enseigne ainsi le karmayoga, « le détachement dans l’action ».
L’Iconographie
Cet ouvrage est une plongée dans la flamboyance de l’art pictural indien, épris d’or et de couleurs, car la peinture indienne, toutes écoles confondues, est un art sensuel, chaleureux, où la polychromie domine. Les miniatures mêlent harmonieusement les tons les plus prisés des artistes indiens : roses, verts vifs et jaunes acides. En tournant les pages, le lecteur sera envoûté par les compositions harmonieuses de l’école méridionale de Mysore, au style fleuri et rutilant, par la vivacité des palettes de l’école pahari, par l’expressivité pleine de délicatesse de l’école moghole, ou encore par les miniatures d’essence religieuse des ateliers rajpouts.
Amina Taha-Hussein Okada, conservateur général au musée national des arts asiatiques – Guimet, a sélectionné et commenté les 92 miniatures du xᴠɪᵉ au xɪxᵉ siècle rassemblées dans cet ouvrage. Dans ses commentaires précis et passionnés, le raffinement et la complexité des symboles iconographique sont décryptés et deviennent parfaitement intelligibles. Amina Taha-Hussein Okada rend également le lecteur sensible aux détails et aux subtilités formelles qui lui permettent de se familiariser avec l’art indien.
Elle attire l’attention sur la richesse des bordures ornementées des miniatures, sur les influences des gravures européennes, sur la manière avec laquelle les peintres jouent avec la contrainte plastique du cadre… Amina Taha-Hussein Okada prend les yeux du lecteur par la main.
Illustrer la Bhagavadgita est une gageure car, ni en Inde ni dans aucun autre pays, ce texte n’a été illustré in extenso. Dialogue mystique et philosophique, pause spirituelle au sein d’une grande narration épique, la Bhagavadgita a suscité peu d’illustrations directes. Notre entreprise éditoriale a donc consisté à illustrer la parole spirituelle et les concepts qu’elle véhicule : un véritable défi qui a nécessité plus de deux ans de travail et de recherches sous la direction d’Amina Taha-Hussein Okada.
La difficulté ne nous a pas arrêtés dans notre désir d’illustrer ce texte, bien au contraire. Le recours à l’illustration est, en effet, un excellent moyen de comprendre une spiritualité dont les fondements nous sont étrangers.
Les peintres se sont attachés à représenter le moment crucial qui ouvre la Gita : Arjuna sur son char se refusant à combattre et Krishna, tourné vers lui pour lui dispenser son enseignement. Amina Taha-Hussein Okada a retenu les plus belles œuvres créées par les peintres sur ce thème de prédilection, devenu en quelque sorte la représentation emblématique du dialogue mystique qu’est la Bhagavadgita.
« Quel bien puis-je retirer du massacre de mes propres parents ? Je n’en aperçois aucun.
Je n’aspire a rien, ô Krishna : ni à la victoire, ni à la royauté, ni même au bonheur. »
(Chant initial, verset 31)
Au chant XI, le dieu Visnu se manifeste à Arjuna sous sa forme suprême et universelle de Visvarupa, l’omniforme qui contient l’univers.
Les artistes indiens ont abondamment figuré ce corps cosmique de Visnu Visvarupa, dans des œuvres virtuoses qui offrent un fascinant contrepoint visuel au texte : la tête de Visvarupa touche les nuages, son corps composite contient dieux, animaux, ciels, montagnes et forêts, il rayonne d’un tel éclat que son regard est insoutenable… Ces interprétations inspirées, « ces visions hallucinées et inquiétantes d’une seule et même théophanie » sont analysées dans le détail par Amina Taha-Hussein Okada.
« La forme que tu viens de contempler, il est si rare de la voir que les dieux, depuis toujours, aspirent à en avoir la vision. »
(Chant XI, verset 52)
Krishna enseigne à Arjuna que le détachement et la maîtrise de soi ne peuvent être atteints que par l’ascèse. Pour faire mieux sentir au lecteur ce que le mot « ascèse » recouvre, Amina Taha-Hussein Okada a privilégié un genre admirable de la peinture indienne : les portraits d’ascètes. Ascètes en méditation, ascètes pratiquant le yoga devant leurs huttes ou leurs abris forestiers, ascètes itinérants et tableaux idylliques de la vie ascétique donnent une dimension extrêmement humaine à cet ouvrage et à ce texte. Ce sont des portraits individualisés extraordinaires dont certains comptent parmi les chefs-d’œuvre de la peinture indienne.
« Dans ce monde, je te l’ai déjà dit, ô très pur, il existe une double démarche : celle des penseurs qui font de la connaissance une ascèse, celle des ascètes du Yoga qui en font une de l’action. »
(Chant III, verset 3)
La traduction
Découverte en Occident au xᴠɪɪɪᵉ siècle, la Bhagavadgita suscite alors un véritable choc tant elle s’éloigne des concepts et de la pensée européennes. Selon Marc Ballanfat, retraduire ce texte aujourd’hui, c’est « tenter à nouveau la rencontre entre deux cultures, dans l’espoir de renouveler cet étonnement initial ». La traduction de Marc Ballanfat s’appuie sur la grande édition indienne du texte sanscrit, accompagné de onze commentaires (The Bhagavad-gita with eleven commentaries, The Gujarati Printing Press, Bombay, 1938).
Sa traduction, publiée initialement en 2007 aux Éditions Garnier-Flammarion, où elle a rencontré un franc succès, a été entièrement revue pour cette édition illustrée afin d’allier encore davantage rigueur scientifique, poésie, limpidité et plaisir de lecture.
Ce discours de Krishna en est un bel exemple :
« Je suis le goût de l’eau.
La lumière de la lune et du soleil.
La syllabe des Savoirs sacrés.
La vibration sonore dans l’espace.
La virilité des hommes.
Le parfum de la terre.
Je suis l’ardeur du feu.
La vie de tous les êtres.
Les austérités des renonçants.
Sache que je suis le germe immortel de tous les êtres.
Je suis l’intelligence des savants.
L’éclat des puissants.
La force des forts sans la violence du désir ni de la passion.
Je suis le désir légitime qu’éprouvent les êtres. »
(Chant VII, versets 8 à 11)
Introductions
Dans son introduction, « Le Chant du Bienheureux », Marc Ballanfat retrace les origines mystérieuses de la Bhagavadgita, la fortune du texte au fil des siècles ainsi que ses différentes lectures, indiennes et européennes. Il s’attache également à éclairer trois grandes notions clés de l’œuvre : l’absolu, le divin et l’ascèse.
Dans son introduction, « Le corps cosmique : théophanies de Visnu-Krishna », Amina Taha-Hussein Okada donne les clés de lecture des représentations de Visvarupa, dont l’apparition, au chant XI, est le moment clé de la Bhagavadgita. Son texte s’appuie sur plusieurs exemples de représentation de miniatures de Visvarupa, analysées en détails, et montre les liens entre les représentations et le texte, ainsi que la manière dont les peintres de différentes époques et écoles de peinture se sont emparés de la profondeur métaphysique et métaphorique du texte pour exprimer la démesure et la richesse du dieu omniforme.
Postface
Dans sa postface, « Yogarasa, la saveur du yoga », Marc Ballanfat s’inspire de la forme concise des traités indiens, rédigés comme des suites d’aphorismes, pour méditer cinq phrases de la Bhagavadgita, développées par cinq commentaires.
Cette approche, à la fois poétique et didactique, éclaire les sens d’un mot fascinant, yoga, passé dans le langage courant, et discipline aujourd’hui plébiscitée, mais dont on ignore souvent les origines et les concepts qu’il recouvre. Guidé par la Bhagavadgita et par la plume de Marc Ballanfat, le lecteur part à la découverte d’une autre sagesse.
Revue de Presse
Les Éditions Diane de Selliers nous offrent, comme à leur habitude, un ouvrage magistral : à la traduction poétique du texte réalisée par Marc Ballanfat, agrégé de philosophie, docteur en histoire des religions et professeur de philosophie indienne, répondent les splendides miniatures issues de prestigieuses collections internationales, sélectionnées et commentées par Amina Taha-Hussein Okada, conservateur général du musée national des Arts asiatiques-Guimet.
Le Monde des religions, Virginie Larousse
La Gita fait partie de ces lectures qui peuvent changer une vie.
Point de vue
Diane de Selliers vient de publier son vingt-septième livre d’exception avec La Bhagavadgita illustrée par la peinture indienne, un texte sacré de l’hindouisme à laquelle la maison a consacré dix ans de travail.
Mémoire des arts, Paule Martigny
« Chaque année, un grand et beau, mais vraiment beau, livre sort de ses ateliers et celui-ci, comme de juste, bénéficie d’illustrations splendides tirées de la grande peinture indienne. »
La Libre Belgique, Roger Pierre Turine