Direction les coulisses de la fabrication des livres des éditions Diane de Selliers, grâce à Prototype  !

Au sein des Éditions Diane de Selliers, l’une des étapes les plus importantes de la conception d’un ouvrage, celle qui va donner sa forme définitive au livre, revient aux graphistes du Studio Prototype. Véritables metteurs en scène des textes et des images, Laurent Pinon et Aurore Jannin ont créé ce studio en 2015. Leur collaboration avait débuté quelques années auparavant autour de la préparation du catalogue et de la signalétique de l’exposition « 1917 » au centre Pompidou-Metz. Depuis, de nombreux catalogues d’exposition, de livres d’art ou d’architecture ont vu le jour chez eux. Nous leur avons posé quelques questions.

Comment travaillez-vous lorsque vous démarrez un projet pour Éditions Diane de Selliers ? Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Après avoir échangé avec l’ensemble de l’équipe éditoriale ainsi qu’avec l’auteur, nous commençons par une phase de recherche en nous renseignant sur le contexte originel du texte publié. Nous rassemblons des images, des reproductions des différentes publications du manuscrit et d’autres textes de la même époque. Cela nous permet de définir un axe pour le choix des typographies. Il faut à chaque fois trouver les caractères qui reflètent au mieux l’idée de l’œuvre, son contexte, tout en laissant transparaître l’éclairage nouveau sous lequel les Éditions Diane de Selliers le donnent à lire. Pour nos recherches, nous utilisons beaucoup le site de recherche de la BNF, Gallica . Nous possédons également une très riche bibliothèque spécialisée en typographie. C’est comme cela que nous avons trouvé pour le Shakespeare à Venise une typographie très proche de celle utilisée dans les premiers folios imprimés de Shakespeare. Par ailleurs, les textes édités par les Éditions Diane de Selliers sont souvent très spécifiques. Le texte de la Bhagavadgita, par exemple, possède de nombreux signes diacritiques qu’on ne trouve pas dans les typographies occidentales traditionnelles. Il faut donc parfois commander le dessin d’une typographie spéciale auprès d’un graphiste ou d’une agence.

En ce qui concerne notre travail actuel sur les Triomphes de Pétrarque illustrés par les vitraux de l’Aube, nous avons effectué des recherches concernant les matériaux du vitrail et notamment le plomb. Pour la maquette de la couverture nous nous sommes également inspirés de plans d’églises.

Quelles sont les différentes étapes de votre travail et comment vous répartissez vous les tâches ?

Une fois le matériel de recherche rassemblé, nous nous attaquons à la maquette du livre.

Nous travaillons évidement main dans la main, mais Laurent se charge généralement des couvertures et du coffret et Aurore des choix typographiques et de la mise en page intérieure. Quand la maquette de principe est prête, nous la soumettons à l’équipe éditoriale. Commence alors un échange passionnant entre l’équipe éditoriale et nous : bien souvent les principes de mise en page soulèvent de nouvelles questions éditoriales et vice versa. Le temps accordé à ce travail de mise au point est essentiel aux Éditions Diane de Selliers, chaque choix doit être justifié et assumé. C’est précieux et c’est ce qui fait toute la différence.

Autre aspect essentiel aux Éditions Diane de Selliers : les choix de fabrication. Cela renvoie au choix de papiers pour le bloc intérieur, de matériaux de recouvrement pour la couverture et le coffret. Le livre doit aussi être pensé comme un objet. Les sensations visuelles et tactiles sont déterminantes. Nous travaillons de concert avec des spécialistes papiers et notre imprimeur pour trouver les options les plus adaptées à l’ouvrage sur lequel nous travaillons.

Arrive ensuite l’étape de la réalisation du livre. Aurore prend en charge la mise en page, les réglages ortho-typographiques et les calages (on pourrait en dire tellement long sur les signes invisibles qui structurent toute la grille typographique  !), puis l’intégration des corrections. Laurent, de son côté gère les images, les retouches et les corrections de chromie avec le photograveur. Ce travail de correction extrêmement exigent est au cœur de la qualité des livres des Éditions Diane de Selliers : on cherche à approcher la perfection. Rien ne doit être laissé au hasard.

L’étape ultime, c’est le calage chez l’imprimeur des Éditions Diane de Selliers, à Vérone. C’est le moment où tout se joue, l’aboutissement de notre travail. C’est en général Laurent qui accompagne l’éditrice, car c’est lui qui depuis des mois a l’œil sur les images et le rendu final en tête. Il est le plus à même de prendre les décisions définitives.

Quels projets vous ont le plus inspirés ?

Aurore : J’ai énormément aimé notre premier projet commun autour de l’exposition « 1917 ». En particulier parce que je m’occupe de la mise en page du texte, il y en avait énormément à traiter : environ 2 millions de signes et beaucoup de niveaux de lecture différents.

Laurent : Nous avons aussi beaucoup aimé travailler sur le Shakespeare à Venise, notamment tout le travail sur la typographie et sur les textes anciens : les recherches, le choix et l’utilisation de la typographie, c’est vraiment une de nos spécificités, un travail que nous défendons car il est essentiel.

Pour en découvrir plus sur le travail du studio Prototype, consultez leur nouveau site Internet : http://www.prototype.paris/