Le Temps des profondeurs

Douze femmes racontent l’Abbaye de Cîteaux

Collège des Bernardins le 9 décembre 2025 à 19:30

« À ma question : « Quelle est l’utilité de la vie monastique ? », Dom Pierre-André, père abbé de l’abbaye de Cîteaux, répond : « C’est un calvaire au bord des routes. » Il précise : « Nous ne cherchons pas à être utiles, nous sommes là. Nous sommes là pour vous quand vous en ressentez le besoin ou l’envie. » Gratuité et vacuité : je retrouve le lien avec le bouddhisme et le soufisme, des courants qui me sont chers. » *

Le 9 décembre prochain, nous serons douze femmes de lettres réunies au collège des Bernardins, invitées à raconter nos quelques jours de retraite à l’abbaye de Cîteaux, jours qui ont donné naissance au livre Le temps des profondeurs. Initié par Francine Ohet et publié par la maison d’édition Les Béatitudes, ce livre est une fenêtre ouverte sur un monde reclus d’où la vie jaillit de toute part.

Le temps des profondeurs… Le choix de ce titre, – sujet auquel je suis particulièrement attentive – aura donné lieu à une multitude d’échanges entre les auteures : toutes devaient s’y reconnaître dans leurs sensibilités, leurs spécificités, leurs nuances : des voix de femmes croyantes, d’autres curieuses, hésitantes ou septiques quant à la Foi, des voix de femmes ardentes, ferventes, de confessions différentes, toutes à la recherche de plus de sens, d’amour, de vérité. Nous nous sommes retrouvées dans cette même aspiration à l’altérité et à la spiritualité, là où le temps est temps de vie, de profondeur, et d’union, autour d’un titre qui nous aura toutes rassemblées.

Je me suis beaucoup interrogée au cours de ces quelques jours hors du temps. J’ai suivi le rythme des prières qui rassemblent les moines plusieurs fois par jour à l’église, cherchant à m’imprégner de ce qui les fait vivre et vibrer. J’ai accompagné, de plus loin, leur vie bien remplie, entre travail manuel et intellectuel. J’ai partagé mes journées entre méditation et contemplation de la nature, lâchant prise sur mon quotidien et mes habitudes mentales. J’ai feuilleté la règle de saint Benoît, ainsi que d’autres livres de la bibliothèque, j’ai mis mes pas dans ceux des moines, et parlé longuement avec eux.

Jusque-là, ma seule expérience de retraite avait été une retraite bouddhiste Vipassana, dix jours de méditation en silence, expérience mentalement exigeante, physiquement dure, tournée uniquement vers le lâcher prise des pensées qui vous traversent. Je voulais comprendre de l’intérieur ce que je lisais dans les livres que j’éditais : les empereurs japonais qui se retirent dans des monastères pour finir leurs jours dans la méditation, les ascètes indiens qui vivent à l’écart du monde, les soufis persans recueillis dans la prière, les derviches-tourneurs dans la danse, les anachorètes isolés dans les thébaïdes, perdus en Dieu. Le résultat de ces dix jours que j’avais vécus douloureusement avait été très positif : je m’étais libérée de tant d’attachement, je me sentais libre et légère, prête à recommencer. La retraite à l’abbaye de Cîteaux m’a permis de retrouver les bienfaits de ce temps hors du temps, et d’écouter plus attentivement le silence en moi.

La spiritualité est un chemin, vers soi-même et vers l’autre, le chemin le plus lumineux qui soit.

Diane de Selliers

*Extrait de mon texte « Le silence et le chant » dans Le temps des profondeurs.

Toutes les infos sur le site du Collège des Bernardins.

Mardi 9 décembre 2025 de 19:30 à 21:30
Collège des Bernardins, 20, rue de Poissy 75005 Paris

Tarif plein : 10€
Tarif réduit : 5€
Tarif soutien : 25€

Conférence suivie d’une séance vente du livre et de dédicaces ainsi que d’un verre de l’amitié avec dégustation de fromage de Cîteaux