La première fois que je suis allée en Inde, il y a dix-huit ans, deux livres ont accompagné mon envol : « Siddhartha » de Herman Hesse, qui raconte l’éveil du jeune Siddhartha Gautama, convaincu que la sagesse ne s’acquiert que par l’expérimentation personnelle de la connaissance, et la « Bhagavadgîtâ », le chant spirituel de l’hindouisme tiré de la grande épopée du « Mahabharata ».

Diane de Selliers en Inde, à Udaipur, Rajasthan

Je suis passée de l’un à l’autre, d’abord avec curiosité, puis avec avidité, enfin avec une grande émotion. Un nouveau monde s’ouvrait à moi, celui du sous-continent indien, de son immense richesse culturelle et philosophique. Quand je n’étais pas plongée dans le roman de Siddhartha à suivre l’évolution du jeune prince, je lisais avec passion les dix-huit chants de la Bhagavadgîtâ, et m’imprégnait de son enseignement qui me permettrait ensuite de mieux comprendre les Indiens, mais aussi, qui me parlait et m’élevait vers un plus haut niveau de conscience.

Le passage du « Mahabharata » où s’inscrit la « Bhagavadgîtâ » est le moment crucial où deux armées de cousins, les Pandava et les Kaurava, doivent commencer une lutte fratricide pour la reconquête du pouvoir. Arjuna, vaillant guerrier Pandava, au moment de se lancer dans la bataille, se tourne vers son cocher Krishna et lui dit qu’il préfère se retirer du combat plutôt que de faire couler le sang de ses cousins. Krishna, avatar du dieu Vishnu, lui rappelle que son devoir -son karma- consiste à se lancer dans la bataille, mais qu’il ne doit en attendre ni gloire en cas de victoire ni chagrin en cas de défaite : seul le détachement dans l’action -appelé karmayoga- est digne de l’homme dans la prise de conscience et la maîtrise de lui-même.

Aujourd’hui encore, ce chant m’accompagne et me guide – Ghandi disait :  » Que la Gîtâ vous soit une mine de diamants, comme elle l’a été pour moi ; qu’elle soit toujours votre guide et amie sur le chemin de la vie « -, je suis heureuse de le redécouvrir à travers les peintures indiennes qui lui apportent une dimension nouvelle, celle de la mise en images de symboles. La Gîtâ est ainsi révélée dans sa beauté par les illustrations qui l’accompagnent, elle entraîne le lecteur sur les pas de la culture indienne et sur les chemins de la méditation.